«Des chiffres internes de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) indiquent que moins de 5% de toutes les infections surviennent de manière traçable dans l’économie qui, malgré ce constat, est toujours à l’arrêt», a déclaré le directeur de l’usam, Hans-Ulrich Bigler, au début de la conférence de presse. L’économie supporte ainsi l’essentiel des coûts des mesures introduites. Cette suspension des libertés économiques n’est cependant qu’insuffisamment amortie par les règles applicables aux cas de rigueur.
Des mesures d’assouplissement avec effet immédiat
L’Union suisse des arts et métiers demande par conséquent un assouplissement immédiat du lockdown et sa réorientation vers une logique de protection ciblée. Les terrasses et les activités extérieures des restaurants doivent par exemple pouvoir rouvrir immédiatement dans le cadre d’un con-cept de distanciation, de désinfection et de nettoyage. Dans l’ensemble du commerce de détail, des formules telles que le «shopping privé» sur rendez-vous, avec interaction physique entre le vendeur et la clientèle, doivent être possibles. Le commerce de détail doit également pouvoir vendre l’ensemble de sa gamme de produits en plein air. Des heures d’ouverture prolongées et des ventes supplémentaires le dimanche permettraient en outre de réduire les pics de fréquentation et le nombre de personnes par mètre carré.
1er mars: réouverture dans le respect de concepts de protection efficaces
La feuille de route de la plus grande organisation faîtière de l’économie suisse prévoit la réouverture de l’ensemble de l’économie le 1er mars. Tous les secteurs doivent ouvrir et le commerce de détail doit pouvoir proposer toute sa gamme de produits et de prestations. Les installations de loisirs, de fitness et de sport doivent elles aussi pouvoir rouvrir complètement. Les restaurants et établissements assimilés doivent être autorisés à servir de nouveau leur clientèle selon le nouveau concept détaillé de Gastro-Suisse.
Les acteurs de l’économie ont d’ores et déjà développé des concepts de protection incluant des mesures d’hygiène et de distanciation. Ces concepts sont appliqués à grande échelle et ont fait leurs preuves.
Fin juin 2021: achèvement du programme de vaccination et mise en place d’un plan d’action
La feuille de route prévoit qu’à la fin du mois de juin 2021, le programme de vaccination de la Confédération sera mené à bien. Il conviendra alors de mettre en place un système qui permette d’appliquer pleinement la logique de la protection ciblée. Un tel dispositif nécessite le développement d’une base d’information solide, notamment via la création d’un « tableau de bord national » transparent et clair avec comme indicateurs les chiffres d’hospitalisation, l’occupation des lits de soins intensifs, l’incidence sur 7 jours, le taux de positivité et les foyers d’infection.
Des leçons doivent être tirées des mesures de politique économique et sanitaire d’ici le mois de juin au plus tard, et des plans d’action doivent être préparés en prévision d’une possible résurgence de l’épidémie. Cette feuille de route basée sur la logique de la protection ciblée et donc sur la propor-tionnalité doit être claire. «Elle doit rompre avec la politique ratée des lockdowns à répétition et servir les intérêts de la société dans son ensemble», conclut Hans-Ulrich Bigler.
Des existences sont en jeu
Milo Goldener, président de l’association textile suisse, souligne que les entreprises ont déjà épuisé leurs réserves au printemps dernier. De nombreuses entreprises de mode saines et établies de longue date ainsi que des centaines d’emplois et de places d’apprentissages sont en jeu.
Selon une étude, 14 à 17% des commerces de détail du sport estiment que leur existence est menacée, déclare Peter Bruggmann, président de l’Association Suisse des Magasins d’Articles de Sport ASMAS, aux médias. Les entreprises interrogées ont en outre indiqué qu’elles devront réduire leurs effectifs d’environ un cinquième en prévision de la prochaine saison. Avec un total d’environ 19 000 emplois – dont 1100 apprentis –, cela signifierait la perte de 3800 emplois.
«Il faut remonter loin avant la crise du coronavirus – en fait au mois de décembre 1995 – pour trouver un mois calendaire avec aussi peu de mises en circulation», déclare François Launaz, président d’auto-suisse, qui estime qu’un terme doit être mis au plus vite au lockdown.
Roland Steiner, vice-président et président d’honneur de la Fédération Suisse des Centres Fitness FSCFS explique qu’une enquête pointe une très nette augmentation des troubles physiques des clients en période de lockdown. Une personne sur trois doit à nouveau consulter un médecin ou un thérapeute en raison de l’aggravation d’un problème de santé. Une grande partie de ces personnes souffre à nouveau inutilement de douleurs au dos ou aux genoux ou accuse une forte prise de poids.
Franz Tanner, propriétaire de «Tanner Möbel» constate: «Je perds du chiffre d’affaires. Je perds des clientes et des clients contraints de chercher des solutions ailleurs. Je perds des parts de marché parce qu’un lockdown nuit aux entreprises à forte intensité de conseil.» S’il a besoin d’un prêt hypo-thécaire, il peut se rendre à la banque et négocier avec une autre personne dans une petite pièce fermée. Mais un entretien-conseil sur le mobilier dans un grand espace beaucoup plus ouvert et à plus grande distance devrait être impossible?